SÓL et MÁNI n° 2111
Bonjour,
Je vous présente Sól et Máni, la déesse du Soleil et le dieu de la Lune. Frère et soeur, issus d'une portée de 7 chatons. Nés le 08 août 2023, journée internationale du chat... Ils sont inséparables et font notre bonheur avec nos 4 autres chats pas noirs !
ONYX n° 2112
Voici Onyx, presque deux ans, que j'ai adoptée grâce à une association en novembre 2022. Elle avait tout juste trois mois. L'association avait voulu mettre sa maman errante et sa portée à l'abri (4 chatons dont 3 noirs...) mais n'a réussi à attraper que 3 chatons sur les 4, car la mère s'est enfuie avec le dernier petit noir. Onyx avait été mise à l'abri chez ma voisine, qui me l'a présentée très rapidement, car je cherchais une coloc pour Mademoiselle Perle, ma minette blanche de 3 ans alors. J'ai tout de suite craqué pour cette boule de poils toute noire qui a ronronné 45 minutes non stop dans mes bras la première fois que je l'ai vue ! Onyx a dû s'accrocher car Perle ne voulait pas d'elle, mais maintenant elles sont bien habituées. Elles font des courses poursuites mémorables dans la maison ! Restée petite comme un chaton de 6 mois, Onyx est très joueuse et nous fait bien rire. Elle a un ronron de compétition, mais elle s'en sert assez peu : elle préfère jouer, surtout avec un plumeau vert, et a aussi une vraie passion pour sa gamelle et la fontaine à eau... Elle a plusieurs surnoms et les reconnaît tous : Bébé chat, la Crapule, Crapulinette, Dracuchat ou Vampichat (à cause des petites canines qui dépassent mais qu'on ne voit pas sur la photo), ou la Panthère. Elle est adorable et me suit presque partout dans la maison.
CAMBOUIS n° 2113
À l’automne je commence, pour une plus chaude étole, à revêtir mon pelage d’hiver aussi soyeux que brillant. Par tous les temps, mes séances de brossage, depuis mon plus jeune âge, sont un rituel quotidien. Toujours en un lieu dédié je rejoins une table consacrée, le lit de Jane ou bien les planches de bois devant ma cambuse, confectionnée par l’un de mes deux papas et même encore sur le tapis de yoga. Pelotonné entre deux coussins sur le canapé, on était si bien. Papa 1 er n’attendait pas de moi que je me jette sur ses genoux comme d’autres chats. Sa présence, ma présence d’évidence suffisait, et toujours, quand je miaulais c’est que j’avais envie de jouer. Il prétendait comprendre mon langage dans la palette de toutes ces variations de « miaou » auxquelles il me faut bien parfois recourir pour me faire entendre. Il n'a fort heureusement jamais prétendu être mon maître. Et le substantif « propriétaire » nous gênait autant l’un que l’autre.
Il était plutôt mon logeur ou mieux, mon hôte. J’évolue dans le luxe d’un appartement, quand ce n’est celui des jardins et des champs qui me sont offerts sur le Havre de la Sienne ou encore dans les collines gersoises en surplomb de l’Alaric, le long duquel mon papa d’amour aimait à cheminer. Comment pourrais-je l’appeler autrement, alors que j’étais son « chamour », son mirliton d’amour ? Lui qui me laissait le plus souvent tout loisir de vivre à mon rythme de félin, dormant quasi tout le jour durant afin de mieux errer la nuit venue. Me voilà assis sur le rebord de la fenêtre de toit à regarder la ville et ses fiers monuments depuis le Centre George Pompidou jusqu’au Sacré-Cœur en passant par Notre-Dame que nous vîmes en flammes, le Panthéon, la tour Montparnasse et bien entendu la tour Eiffel. Tellement curieux de tout, bien que peureux et toujours prompt à me planquer au moindre bruit qui me fait sursauter. La rumeur s’amplifie pourtant en fin d’après-midi. Que de bruits vains lorsqu’on n’aspire qu’au silence et aux silencieux ! Ma vie ici reste bien plus tranquille et je m’en accommode comme d’un repos passager, sachant que je vais bientôt retrouver mes joies pastorales et alors gambader sans retenue. Ici on me fait jouer autant que possible. Au hand, j’adore sauter en l’air à stopper les balles de papier froissé avec mes pattes avant ou après quelques ficelles sans bouchon au bout, trop bruyant pour mes oreilles délicates. Je dispose certes de quelques jouets achetés, mais ce ne sont pas mes préférés du tout. Jouer à cache-cache me va beaucoup mieux. Un bonheur absolu d’interactivité avec mon humain. Il suffisait qu’il se voile les yeux et le jeu commençait. C’est là que je roucoulais le plus, me réfugiant sous le lavabo, dans mon panier à linge africain multicolore, derrière la penderie du dressing ou encore au fond d’un placard laissé ouvert à dessein. S’il se lassait, je me précipitais sur lui. Et s’il est écrit que dix minutes par jour suffisent, une heure minimum quotidienne il me faut lorsque je ne puis prendre l’air. Et ce n’est pas négociable, sinon : réveil assuré à 5h maximum quand ce n'est 1h ou 3h30. Oui je suis plutôt ponctuel comme individu. Si vous saviez comme il est jouissif de réveiller encore plus tôt cet early bird qui aimait tant écouter les oiseaux dès avant potron-minet. C’était alors la cavalcade, « les grandes traversées » disait-il. Et puis on boxait, lui couché devant moi, appuyé sur mes postérieures et on luttait aussi tant on adorait ça, donnant de légers coups de patounes sans griffer ni mordre, sachant combien je préfère m’arrêter à temps plutôt que de blesser de mes griffes aiguisées et de mes crocs acérés. C’est pourquoi je détale d’un seul coup tant l’excitation du jeu me ferait faire du mal. Rarement, je consentais à me blottir contre l’un de mes « parents » mais bien selon ma fantaisie, même si tombé « dans une bonne famille » selon la lointaine cousine Maryse. Puis, après avoir joué et ce, quand je le décidais, épuisé je m’affalais tout contre lui. Allongés sur le canapé de cuir noir, abandonné à une sieste éclair les quatre fers en l’air mais s’il tentait d’attraper un livre : c’était non, tout comme pour le téléphone, c’est lui ou moi. Il renonçait donc, comprenant parfaitement. Le vivant d’abord et vivant je le suis, parfaitement incarné je demeure. Une vraie personne, une personne animale.
A présent en brioche, je contemple dans mon jardin près de la mer, la nature environnante. Magie de l’instant, quand le chant des oiseaux s’est tu. Silence quasi absolu, seul un léger bruissement d’air dans les branches que le soleil éclaire lors que l’herbe dans l’ombre est presque fraîche. J’aime à passer des heures à explorer alentour, à musarder et chasser les geckos ou les margouillats, les mulots et les oiseaux qui parfois osent me passer entre les oreilles. J’aime tant me prélasser au soleil avec lequel je sais jouer : fesses à l’ombre parfois et museau dans ses rayons ou bien la truffe au frais et l’arrière-train exposé à sa chaleur bienfaisante, selon l’heure, selon l’humeur. Chat varie, humeur de chat légendaire : quelques rites mais surtout pas de règles. C’est au gré de l’envie.
Apaisé, qu’il est doux de se sentir entouré par tant de beauté naturelle qui me comble. Même enfermé dans la grande ville, penser aux changements au gré de la saison, à toutes ces fleurs avec lesquelles je joue, comme ces valérianes qui me rendent fou, sans oublier la moindre feuille qui virevolte avant de se poser au sol. N’y a-t-il pas quelque chose de magique à voir la nature évoluer ainsi au fil du temps ? Une vraie bénédiction, une passion que je partageais avec mon « papa fusion » comme le dit cette vétérinaire la première fois qu’elle nous vit. Et je sais où que je sois, combien je reviendrai souvent dans un jardin ou dans l’autre pour profiter de cette beauté, de cette tranquillité-là. Quand je reste posté derrière la fenêtre, c’est pour mieux surveiller mon territoire, repérer les intrus.
Quel intense moment de complicité quand le jour ne s’est pas encore fait et qu’ensemble, nous percevions ce bruit caractéristique, cette plainte plutôt, de l’oiseau du matin ululer dans le jardin ou plus loin dans le marais ! Un autre moment d’intimité fréquent lorsque l’on m’appelait « Petit Chat » et que je venais me blottir au lit entre mes hôtes, pétrissant de mes deux patounes avant, tout comme contre maman Cachou lorsque j’étais chaton. J’étirais alors mes pattes postérieures comme il faut contre le flanc de l’un ou de l’autre, et comme toujours ronronnais à tout rompre. Alors entre tendres couinements et autres soubresauts, je finissais par m’endormir à les ravir. Puis, quasiment aussitôt me mettais si vite à rêver : mes pattes se raidissent, je sursaute et me prends à imaginer autant de petites bêtes du jardin que j’adore débusquer. Si doux, si bons moments matutinaux d’échange et de partage. Au sein d’une famille que l’on dirait aujourd’hui toxique, mon hôte bienaimé réussit à imposer les chats, sans doute – avec la musique- pour son salut. Ainsi que toute la descendance d’une « première chatte » dirait Loti, jolie chatte de gouttière au regard vert clair des plus perçants, que l’inflation contemporaine du langage ose désormais appeler « européenne ». Joliment tigrée à la robe gris foncé, l’intensité fascinatrice de ses yeux lui valut le nom de Picsou, inspiré en cela par ses lectures d’enfant. Mère chatte qui partait souvent se cacher dans quelque remise ou bien, étonnamment, mettait bas dans le tiroir d’un meuble familier accessible à tous. Allez comprendre. Que de chatonnes et de chatons sont nés de sa fécondité prolifique ! Mais aussi que d’inquiétudes à chaque portée : pourrait-on les trouver ? Une passion pour les voyages, lui fit refuser par la suite d’imposer à ses amis une garde bien nécessaire, devant s’en charger en son absence. Il a donc toujours rencontré ailleurs mes congénères qui souvent l’accompagnèrent quelques pas, que ce soit sur l’Île de Santorin, à Venise, Istanbul ou encore Key West où il découvrit les chats polydactyles d’Hemingway.
Il y a bien longtemps que je voulais dire tout cela puisque pendant tant d’années il fut mon animal de compagnie, animal de compagnie rêvé, celui pour qui mes moindres désirs étaient des ordres, celui qui m’a donné tant d’amour alors qu’il croyait davantage en recevoir de moimême lorsque je faisais mon bel indifférent. Cet humain qui parfois me voussoyait avec davantage que du simple respect, a commencé par prendre soin de ma grand-mère, superbe chatte espagnole, chatte Isabelle donc, qui s’est donnée sans réserve un jour, après de furtives approches et pendant deux ans au moins, se contentant à distance de se faire désirer. On admire aujourd’hui encore le dessus de sa tête parfaitement étoilée de noir, de roux clair et de blanc. Comme en prise directe avec le réel de notre hôte, après un miaulement à l’approche du planteur où il se tenait alangui, elle bondissait sur son torse et soulevant ses mains jointes de sa tête avide de caresses, fermant les yeux de plaisir elle s’abandonnait à un incessant et bruyant ronronnement, quasi mécanique. Les liens familiaux n’existent pas chez nous, je dois bien me rendre à cette évidence mais il n’empêche que j’aime trop jouer avec sa queue et celle de sa fille ma mère, la môme Cachou, une petite boule noire aux reflets chocolat montée sur de courtes pattes à la queue assortie. On est comme ça nous les chats, quand on veut on veut, mais quand on ne veut pas ou plus, ce n’est pas le moment du tout. Cette Isabelle fit sa place ainsi s’installant chez eux où elle a encore sa propre chaise près de la cheminée et se contente davantage de caresses et de brossages que de nourriture. Pourquoi « Isabelle » ? Vous le savez mieux que moi, ce sont les humains qui savent des choses pareilles. Rarement un chat revêt trois couleurs, c’est donc une chatte la plupart du temps. Anomalie génétique certes mais dont le nom ferait référence à la Reine de Castille s’étant engagée à ne pas changer de chemise tant que ses soldats n’auraient pas pris la ville de Grenade : le blanc royal s’est donc souillé de roux et de noir au gré des jours. Croiser la route d’une Isabelle, qui de surcroît se donne à vous, est considéré en Asie comme un heureux présage. Au Japon, le Maneki Neko à la robe si rare reste un animal porte-bonheur qui procure la chance et la fortune. Quels moments incroyables avons-nous vécu dans ce jardin à l’abri des regards avec mon petit frère et ma petite sœur, les quatre-cents coups sous l’œil souvent désabusé de maman et de grand-mère. Très joueurs et curieux de tout, nous en explorions chaque recoin pour aller à la découverte. Notre sœur, la plus téméraire des trois, fut baptisée sur-le-champ Cabriole tant elle grimpait partout, comme au tronc du plus haut palmier alors que nous étions beaucoup plus timorés. Cachou toujours protectrice et bienveillante veillait à notre sécurité à tout moment. Nous adorions la félicité de cet environnement naturel dans lequel chaque rayon de soleil qui tombait sur notre pelage satiné ou chaque goutte de pluie fine, devenait un indicible bonheur. L’amour de notre hôte pour les petits félins que nous sommes a commencé dans un garage du bas Poitou, celui de son grand-père LUCIEN PAILLER dont le nom s’étend encore aujourd’hui en grandes lettres de ciment bleu peintes sur la façade de crépi. C’était au milieu des années 60, il lui fit un jour la surprise d’un long sac de toile jeté entre ses pieds qui bougeait fort bizarrement, il en avait même eu un peu peur. Picsou se tenait au fond du sac et elle choya son enfance solitaire.
À n’en pas douter, il m’entend aujourd’hui au paradis des chats. Pendant ces années d’amour réciproque cet animal humain, mon animal de compagnie, m’a comblé de joie et j’ai retenu ma plume entre griffes et coussinets trop longtemps pour raconter cette histoire-là. Une histoire soutenue par une admiration, une fascination persistante depuis son jeune âge. Non, je ne fais pas que dormir ou manger, je ne fais pas que jouer ou chasser, pas davantage je suis indépendant voire ingrat disent certains. Quel animal de compagnie nous savons être lorsque l’on a choisi de se donner ! Qu’importe si je suis le sien ou bien lui le mien tant nous avons passé du temps à échanger dans la réciprocité d’un amour singulier. Je l’ai même remis à la méditation le rejoignant le matin à l’heure du grand-duc et de la chouette effraie, pour m’installer entre ses jambes croisées sur son zafu. Il disait même aussi à qui voulait l’entendre que je lui ai appris la patience et la contemplation, devant par exemple me soulever délicatement si je m’imposais lorsqu’il écrivait ou qu’il lui fallait se lever pour chercher un mug de thé vert ou de chicorée sans me déranger. Lui seul savait décrypter mon humeur, comprenant mon langage tout corporel : je n’avais en effet le plus souvent pas à miauler, il m’aimait et ainsi me comprenait. Lui seul savait ma crainte, mes peurs et la réaction qui convenait à me rassurer. Je lui suis tellement reconnaissant d'avoir tant pris soin de moi et de manière aussi respectueuse m’offrant ainsi une vie de rêve.
Oui… oui c’est bien moi Cambouis, qui vous parle. Je porte le nom de ce mélange de graisse et d’huile issue de la lubrification des organes de moteurs, noirci par le frottement, la poussière et les particules métalliques qui donne au sol des garages auto cette odeur et cette couleur si caractéristique qui égaya son enfance. Mais ni gras ni huileux lorsque dans l’éclatant soleil, des striures aux reflets bruns se dessinent, vous aurez bien deviné la couleur de mon pelage de soie et de velours, une pelisse d’où se détache ma petite langue de satin rose. Lorsqu’il m’a recueilli, contrairement à mon frère Carbone et à ma sœur sauvée du puits un petit matin d’été, j’étais le seul à le griffer le mordre et le feuler mais je devais déjà l’aimer. Une histoire d’amour fusionnel et respectueux naissait. Il découvrit en moi, grâce à moi, à travers moi, ce que c’est qu’une personne animale. Lors d’une nuit de pleine Lune j’ai surpris un griffonnage, une ébauche de poème sur un carnet grand ouvert :
Ô chats Apprenez-moi à contempler
Apprenez-moi à dormir
Apprenez-moi l’oisiveté
Apprenez-moi à m’arrêter davantage
Encore
À devenir une chose parmi les choses
À faire qu’elles deviennent des êtres
À jouir de l’ici
À jouir du maintenant
Comme si bien vous le faites
Nous étions donc vraiment félins l’un pour l’autre.
Commentaires
1 Joël Le 12/01/2025
2 Camard-Fromager Le 11/01/2025
Nous avons l’impression de pouvoir le caresser. !
3 BERLIOZ Le 10/01/2025