Club Chats noirs 1911 à 1920
Commentaires
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Quelle belle histoire, et si bien racontée, que celle de Vinci et de son amoureuse.
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Vinci 1917ème membre.
Chats en colocation, ou colocataire à poil !
Las de la ville, nous avons construits une maison sur un chemin calme, en lisière de forêt ; il n’y a que trois voisins donc peu de voitures, l’endroit rêvé pour un animal. Nous avons donc décidé de prendre un colocataire à poil.
Après mure réflexion, la famille a conclu qu’un chien serait plus bruyant, donc nous avons opté pour un félin.
- Un blanc, comme le vieux Pacha que nous avions avant.
- Non, un tigré ; comme on est à la campagne, il fera lynx.
- Moi, je le préfèrerais roux et blanc comme celui de ma copine.
- Un mâle ou une femelle ?
La quête du chat venait de commencer, on en parla aux voisins, à la famille, aux collègues, au boulanger…mais ce n’était pas la saison !
On s’était presque résigné quand j’eu l’agréable surprise de voir une annonce avec photo dans l’ascenseur de mon kiné : une belle siamoise donnait la tétée à deux bébés noirs. On pouvait lire en dessous : Donne chatons propres, contre bons soins. S’en suivait une frange de numéros de téléphone dont un était déjà détaché. J’en arrache deux, illico.
Toute excitée, je vais les voir avec ma fille dans le village d’à côté. Nous apprenons que la belle siamoise avait fauté avec un chat de gouttière vagabond. Les rejetons étaient tout le portrait de leur père. De vrais jumeaux, impossible de les différencier ; on choisi le plus hardi.
Nous rentrons donc avec un petit mâle au pelage noir parsemé de quelques poils blancs ; sous le soleil il avait même des reflets acajou. Tout le monde était content, notre colocataire était craquant.
Branle-bas de combat, il fallait l’installer !
Coussins, panier, croquettes, pâtée…
Il n’y en avait plus que pour lui !
On décida de l’appeler Vinci (prononcé à l’italienne)
Une voisine avait deux chats, un bon gros mâle et une vilaine femelle (surnommée la teigne). Après les présentations, Vinci décida de rester prudemment à la maison.
Deux étages et un grand jardin étaient déjà un territoire plus que suffisant pour jouer. Un vrai paradis avec des chatières à toutes les portes pour être autonome. En se hasardant chaque jours d’avantage dans la forêt, il ramenait d’innombrables mulots dans la cour, et attendait nos félicitations qui se transformaient en remontrance quand le gibier était à plume.
A dix huit mois, Monsieur commence à devenir pépère sur son canapé, quand les voisins adoptèrent une mignonne petite chatte grise, une petite boule espiègle, pleine d’énergie et très bavarde.
Elle voulait toujours jouer. Lui, reculait et l’observait comme une bête curieuse. Elle n’était pas farouche, à peine intimidée quand, las de ses gamineries, il hérissait le poil et soufflait pour la chasser. Petit à petit elle fit sa place dans le quartier.
Un soir, en rentrant du boulot, j’eu la surprise de la voir sortir de notre garage. Le lendemain, je la découvre carrément en train de manger des croquettes dans notre cuisine, sous l’œil pas même étonné de Vinci. Je la chasse et comprends maintenant pourquoi nos réserves de croquettes diminuent si vite. Puis régulièrement il fallait chasser la demoiselle qui venait squatter et amener de mauvaises manières à la maison. En effet, elle miaulait tout le temps, et Vinci jusqu’alors silencieux se mit à l’imiter. Elle sautait même sur la table alors que notre chat restait sagement sur le canapé ou une chaise.
Fréquemment en se levant le matin, nous trouvions des traces de pattes sur la plaque vitrocéramique, papiers et télécommande au sol, résultant de chahuts nocturnes.
Par une nuit d’insomnie, devant mon ordinateur avec Vinci sur les genoux, j’entends la chatière, je me redresse ; lui, bouge à peine une oreille. Puis j’entends les croquettes rouler sous un museau affamé.
Vinci lève la tête, la repose et se rendort. Sidérée par sa nonchalance, je le pose à côté de moi et me dirige doucement vers la gamelle.
La chatte, découverte, reste interdite et avant qu’elle ait eu le temps de se sauver, je bondis et la prend par la peau du cou. J’attrape un journal et lui en assène quelques coups ; et en criant : « Non, non, non » je l’oblige à reprendre la chatière avec un dernier coup de journal, persuadée que ma leçon aura été comprise. Au même moment Vinci tous poils hérissés me mord les chevilles méchamment. Je le porte dans mes bras et le rassure.
Toute la famille réveillée, palabre. Nous savons qu’il y a une chatière et une gamelle pleine chez les voisins :
Donc elle n’est pas abandonnée,
Donc chacun chez soi
Donc plus besoin d’acheter double ration et nettoyer double saleté
Donc si elle revient à l’intérieur de notre maison on continue à la chasser
Donc Vinci pourra retrouver son statut de chat unique, gâté, choyé…
Mais tout ça était des décisions d’humain, sans tenir compte de l’avis des intéressés, qui passaient leurs journées ensemble, et la demoiselle nous filait entre les jambes dès qu’on ouvrait la porte.
Un jour tout de même je réussi à la reprendre par la peau du cou. Je lève mon journal pour lui faire peur, mais Vinci se met à grogner et à me mordre ; et la pauvre chatte m’a regardée avec un air si étonné, les quatre pattes repliées sur le ventre, docile, prête à accepter sa punition, j’eu pitié et reposé mon magazine. Je m’agenouille devant la chatière et lui explique calmement, comme à un enfant, qu’elle ne doit pas franchir cette porte.
Ayant tout comprit, elle saute dans l’escalier et s’enfuit pour…24 heures seulement.
Curieuse de voir si elle m’avait obéi, le lendemain je suis rentrée à pas de loup et les ai trouvé tous les deux endormis sur le même fauteuil. C’était si attendrissant, que j’ai reculé pour ne pas les déranger et j’ai vaqué à mes occupations
Quelques minutes plus tard, Vinci (qui avait appris à miauler) vient réclamer à mes pieds. J’ai donc rempli la gamelle qu’ils n’ont pas tardé à vider en stéréo.
Vinci avait aussi choisi sa colocatrice…à poils ! de Florence Gaudel
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