Barbey d'Aurevilly (1808-1889) romancier, critique littéraire, journaliste.
Les normands ont la réputation de voir en chaque chat noir, le démon qui montre le bout de la queue. Jules Barbey d'Aurevilly, natif de St Sauveur le Vicomte, tranche en cela de ses compatriotes : sa chatte favorite, était selon ses propres termes : "des yeux d'or dans un morceau de velours noir". Cette bête ravissante au pelage angora, arriva chez l'auteur des Diaboliques et il la baptisa Desdémone mais ne l'appela jamais autrement que Démonette, voire l'Archiduchesse Démonette !
Dans le petit appartement de la rue Rousselet à Paris, il se laissait ensorceler par Démonette, qui régentait tout ! Une cravate en dentelle verte autour du cou (empruntée à son dandy de maître), elle allait et venait, nerveuse, exclusive, ombrageuse, accueillant les visiteurs, veillant jalousement à ce que le chat tigré Bataillon, qui se faisait voir dans l'escalier aux heures des repas pour quémander un peu de nourriture, n'ait pas droit aux bons morceaux, réservés uniquement à la favorite !!
Un jour où Démonette pensa que l'on donnait une friandise de choix à Bataillon, jalouse au plus haut point, elle se jeta dessus - Barbey n'en crut pas ses yeux, et comme il riait, Démonette, se trompant saisit un petit croûton de pain, l'envoya de sa patte avec mépris, rouler au fond de la chambre !
Le caractère de Démonette ne devint pas plus serein après la naissance d'un chaton qui fut nommé Spirito, d'autant plus que ce dernier était bien plus tendre qu'elle. Barbey d'Aurévilly ne lui en tint pas rigueur et chérit jusqu'à son dernier souffle sa princesse de Mauritanie !!