Chat noir du Château de Combourg

 

Chat noir et jambe de bois au château de Combourg

Non loin de la forêt de Brocéliande, domaine de  Merlin l'enchanteur et de la fée Morgane, les contes qui se rapportent au château sont aussi nombreux qu'énigmatiques. Dès le cinquième siècle, des moines irlandais s'installent là, Combourg n'est alors qu'un petit village. Mais, déjà, vient d'y jaillir une fontaine miraculeuse, dont l'eau a le pouvoir de rendre la vue aux aveugles. Plus tard, un lac surgit mystérieusement au pied du château et son eau trop calme reflète encore aujourd'hui, par beau temps, les hautes tours du manoir. Le bâtiment résista aux luttes féodales qui déchirèrent la Bretagne au Moyen-Âge. Il sortit indemne de la guerre de Cent ans et s'enorgueillit alors d'un nouvel édifice, la tour du maure, en souvenir des Croisades. La Tour du Chat, elle, fut construite un peu plus tard. C'est le lieu maudit du château, là d'où partent, dit-on, tous ces sortilèges...La tradition médiévale conduisit, en effet, les seigneurs des lieux à emmurer un chat noir à l'intérieur des parois de pierre de la tour à peine terminée. Chat noir égal Diable, prétendait la sagesse populaire. Le capturer et le tuer à l'intérieur de la tour était une manière de se protéger du démon. C'est ce que l'on fit, en grande pompe. Le malheureux animal fut donc jeté dans un réduit minuscule aménagé dans la pierre et proprement scellé ensuite. Il dut y périr d'asphyxie.

Mais le mauvais sort était conjuré et les châtelains dûment protégés des maléfices du Malin. C'était sans compter compter sur la revanche des esprits !
Le chat noir se mit, en effet, à hanter les couloirs du château. Certains l'ont vu, d'autres entendu. Dans le hall du bâtiment principal, le visiteur peut même acheter une carte postale à l'effigie de cet animal ensorcelé qui, bientôt, s'adjoignit un maître...Car le marquis de Coëtquen promène, lui aussi, son fantôme dans le château, depuis sa mort, survenue au milieu du 18° siècle. Le marquis était un des seigneurs de Combourg. Il perdit une jambe à la bataille de Malplaquet (Hainaut français) le 11 septembre 1709 et s'éteignit dans son lit en 1727. Depuis, chaque nuit du 23 décembre, il balade sa jambe de bois d'escalier en couloir, toquant aux portes de tous ceux qui logent là, faisant trembler de peur, par sa simple présence, les habitants qui se succédèrent ici. Pourtant, assure-t-on, il n'a rien de malfaisant et n'a jamais fait de tort à personne. L'actuelle propriétaire de Combourg, la comtesse de la Tour du Pin-Verclause, s'en arrange fort bien, en digne descendante de François René de Chateaubriand, passa une partie de son enfance dans ce château dans les années 1770.

L'auteur, dans ses Mémoires d'outre-tombe, évoque son enfance solitaire, ses nuits peuplées de cauchemars, dans cette petite chambre située au sommet de la tour du Chat, si loin des appartements de ses parents, de ses frères et soeurs. Le hululement des chouettes, le craquement du soupirail malmené par la bise, étaient bien faits pour nourrir l'imagination brillante du futur écrivain. Par les récits de sa mère, il connaissait bien l'existence du chat et de l'homme à la jambe de bois. " Les gens étaient persuadés, écrit-il dans les Mémoires d'outre-tombe, qu'un certain Comte de Combourg, à jambe de bois, apparaissaît à certaines époques et qu'on l'avait rencontré dans le grand escalier de la tourelle. Sa jambe de bois se promenait aussi quelquefois seule, accompagnée d'un chat noir." Chateaubriand rapporte par ailleurs que son propre père aurait aperçu le fantôme, un jour qu'il se trouvait dans le grand salon du château. Un homme difforme lui serait apparu, qu'il n'aurait réussi à renvoyer dans les ténèbres qu'en le menaçant d'un tisonnier à la pointe rougie sur la braise... Quant au chat, l'auteur des Mémoires n'en parle pas, et pour cause : son squelette ne fut découvert qu'après sa mort, en 1876, quand Geoffroy de Chateaubriand, son petit-neveu, décida de restaurer le domaine dévasté par la Révolution. Le cadavre momifié, mis à jour au moment des travaux, fut installé dans la petite chambre de l'écrivain.

En face du petit lit, se trouve une commode banale. Mais ce qui s'y trouve est bien loin de l'être :  le cadavre momifié du célèbre chat du château de Combourg...Le corps du félin est intact. Seul manque les poils. Mais l'animal, emporté sans doute par la mort en pleine position d'attaque, est effrayant, avec ses machoires grandes ouvertes sur des petites dents pointues, ses yeux jaunes sans lumière.
A Combourg, dans cette jolie bourgade bretonne, située à une trentaine de kilomètres de Rennes, tout le monde croit dur comme fer à la légende qui se rattache au célèbre château. Une légende inoubliable, puisqu'elle a traversé les siècles, depuis le quatorzième, époque où fut reconstruite une partie du domaine et où se déroulèrent les faits donnant naissance à la légende.

la légende du chateau de Combourg               chateau de Combourg

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