Parfum Lanvin : "Mon pêché" / My Sin pour le marché américain
Jeanne LANVIN (1867-1946) , à treize ans à peine, est mise en apprentissage chez une modiste, Madame Boni, puis à la maison Félix, elle ne fait que livrer les chapeaux aux clientes, courant à travers Paris - et elle court ! Pour épargner les quelques piécettes du trajet, elle suit l'impériale au petit trot plutôt que d'y monter. On la surnomme "la Petite Omnibus"...
A seize ans, elle commence à créer elle-même des chapeaux. Deux ans plus tard, elle ouvre son propre atelier avec juste un louis d’or en poche. Sa boutique se réduit en fait à une chambre de bonne sous toit, mais la jeune fille, déterminée, économisant sou à sou, remporte assez vite un joli succès. Elle déménage, redéménage, s'installe au 22 du Faubourg-Saint-Honoré, agrandissant à chaque fois ses locaux.
En 1923, Jeanne Lanvin fait appel à une mystérieuse "Madame Zed", pour lui composer une série de fragrances, apparemment une Russe d'un certain âge qui avait fui la Révolution d'Octobre. On croirait à un pseudonyme, mais on a découvert un document écrit de la main de la créatrice, signé "Marie Zède"...
Si le personnage reste obscur, il est certain qu'elle composa au moins quatorze fragrances pour Lanvin avant 1925.
La dernière composition de Marie Zède, créée en 1924 et commercialisée en 1925, sera aussi le premier grand succès de la maison : Mon Péché, qui triomphera sous le nom de My Sin aux États-Unis.
My Sin le bien nommé est un parfum riche et complexe, qui allie à l'élégance d'un bouquet floral, la sensualité appuyée d'un cœur nettement animalisé (civette) ; un parfum dont "l'égérie" sera longtemps... un chat noir. Valeur sûre de la maison, il ne disparaîtra qu'en 1988.